Communiqué

par collectif.feminisme.droit

Cette semaine, le Collectif féminisme et droit UQAM (la Collective) a subi une belle rebuffade, d’ailleurs dénoncée par plusieurs acteurs et actrices de la communauté juridique et estudiantine. En effet, puisque la Collective a une sphère décisionnelle et organisationnelle non-mixte par et pour les femmes, le comité exécutif (CE) de l’Association des étudiant-es en droit de l’UQAM (AED) a hésité à lui octroyer des subventions et a voulu soumettre cet octroi à des conditions, bien que la politique de subventions de l’association (disponible en ligne sur : http://www.droituqam.com/documents) ne laisse aucune place à l’ingérence du CE dans la gestion des groupes étudiants et que, comble du ridicule, le financement demandé ne visait que des activités a priori mixtes. Or, le CE a exigé que l’attribution des subventions soit soumise à une condition de «non discrimination des hommes» en invoquant la position anti-sexiste adoptée en assemblée générale à la demande de la Collective, avec toute l’ironie que cela suscite.

La plupart d’entre vous pouvez sans doute imaginer la frustration et la déception engendrées. Le but de la Collective est en tout premier lieu de créer un espace sécuritaire dans lequel nos membres peuvent évoluer et se retrouver, en plus de permettre la discussion, la collaboration, la préparation d’actions et l’organisation d’activités. La Collective n’est pas anti-hommes, bien au contraire: nous militons afin d’atteindre l’égalité entre hommes et femmes et non pas un renversement de pouvoir en marche vers le matriarcat (sic), comme certain-e-s semblent pourtant le croire, à notre grand dam. Dans les circonstances, précisons que, bien que cela ne soit pas en soi nécessaire, la majorité de nos activités sont ouvertes à toutes et tous, dans une optique de partage et d’apprentissage collectif.

Seulement, les rencontres où il est question de l’organisation de la Collective sont non-mixtes, notamment afin de contrer les dynamiques de pouvoir et d’oppression souvent présentes lors de rencontre mixtes, afin de prendre nous-mêmes les moyens de notre propre émancipation dans une perspective d’empowerment. Il s’agit de permettre aux personnes ayant un vécu lié à l’oppression de pouvoir participer à la prise de décisions dans un espace sécuritaire. La non-mixité s’inscrit dans une perspective d’auto-détermination des personnes ayant un vécu lié à l’oppression, en leur permettant de choisir elles-mêmes les outils et les moyens privilégiés pour parvenir à leur émancipation. Elles peuvent ainsi œuvrer à l’organisation de leur lutte et à l’expression de leurs revendications en écartant, au sein-même de leurs instances, la reproduction de mécanismes d’oppression socialement intégrés.

Nous retrouvant face à une telle situation, où le comportement des membres du CE est sans contredit un geste anti-féministe niant les oppressions encore vécue par les femmes, la Collective n’a eu d’autre choix que de dénoncer haut et fort l’injustice. Cette dénonciation, tel que mentionné précédemment, a été appuyée rapidement par divers groupes du milieu étudiant et juridique. Suite à ce soutien largement manifesté, le CE est entré en communication avec la Collective afin de prétendre qu’il y avait eu un malentendu entre nous et qu’ils et elles avaient fait une erreur d’interprétation de bonne foi. Pourtant, nous affirmons que les échanges ne laissaient pas de place à l’interprétation; les discussions, tant celles en personne que celles à l’écrit, étaient on ne peut plus claires.

Par souci de la transparence, voici les courriels reçus par la Collective de la part du CE :
[Courriel original : Nous tenons tout d’abord à vous remercier de votre demande. Nous tenons aussi à vous inviter, vous et d’autres représentant-e-s du Collectif féminisme et droit à venir nous rencontrer (2 autres membres de l’exécutif et moi-même) pour pouvoir discuter de notre décision. En effet, celle-ci s’accompagne de certaines conditions dont nous aimerions pouvoir parler de vive voix.]
[Réponse subséquente du CE (suite à la dénonciation de la condition par la Collective) : Dû à la mauvaise formulation de notre message précédent, il semble qu’un malentendu se soit produit. En effet, le comité de subventions ne désirait qu’obtenir plus d’informations concernant votre groupe, que nous considérons bien évidemment comme légitime et que nous désirons subventionner. De là pourquoi nous avons voulu fixer un rendez-vous avec votre groupe. Toutefois, nous reconnaissons d’emblée notre erreur d’avoir utilisé le terme « condition », qui n’était pas approprié puisqu’il pouvait laisser entendre que nous tentions de nous ingérer dans la gestion de votre groupe, ce qui n’était bien entendu pas notre intention. Une rencontre entre deux de vos représentant-es (Nom #1, Nom #2) ainsi que quelques membres du comité de subventions eut lieu durant laquelle nous avons expliqué cette situation, tout en recevant les explications que nous désirions recevoir de votre part.]

Par la présente, nous réitérons que la décision du CE nous a été clairement communiquée et qu’il ne s’agissait en aucun façon d’un «malentendu». En effet, lors des orageux débats virtuels ayant suivi la dénonciation de ladite condition par la Collective, un-e seul-e membre du CE a pris part au débat, pendant lequel il ou elle a réitéré très clairement l’existence d’une telle condition. Faisant preuve de mépris, il ou elle a par le fait même tenté de discréditer nos activités en les réduisant à une futile consommation de vin. Par souci de transparence, nous reproduisons ci-dessous cet extrait. Ceci étant dit, faisant preuve de bonne foi, la Collective ne souhaite pas divulguer ici l’identité de l’auteur-e, puisque nous considérons que le débat portant sur l’antiféminisme est beaucoup plus large qu’une simple vendetta personnelle.

[Extraits des commentaires du ou de la membre du CE tirés de Facebook: http://oi60.tinypic.com/w36v7.jpg]

Nous avons accepté les subventions finalement accordées, lesquelles constituent l’argent puisé à même les cotisations des membres de l’AED, dont nous faisons partie. De plus, les activités organisées par la Collective sont des activités qui profiteront – et profitent déjà – aux membres et qui ne devraient pas être mises en péril. Nous croyons que ces subventions auraient dû nous être légitimement accordées dès le départ, sans nous imposer un traitement différent de celui qui est accordé aux autres personnes et groupes ayant déposé des demandes de subventions. La Collective fait régulièrement, depuis quelques années déjà, des demandes de financement à l’AED – qui ont toujours été acceptées par ailleurs. La présente décision, totalement arbitraire, était franchement inattendue, voici pourquoi la Collective s’est empressée de la condamner. Une telle décision n’est pas un acte isolé, elle est le symptôme d’une culture dominante antipathique à la cause féministe.

Nous pensons qu’il est impératif de dénoncer cette situation: le comité exécutif de l’Association des étudiant-es en droit de l’UQAM a instrumentalisé, à tort, une position anti-sexiste en l’invoquant de façon à mettre des bâtons dans les roues d’un collectif féministe luttant justement contre le sexisme, en tant que système d’oppression dirigé contre les femmes. Le sexisme renversé n’existe pas; l’antiféminisme, lui, existe bel et bien.

Solidairement,

Le Collectif féminisme et droit UQAM a.k.a. la Collective

N.B. Suite à ces événements, nous avons pris la décision d’organiser certains ateliers, discussions et conférences en lien avec les concepts de discrimination et d’antiféminisme. Aussi, nous publierons, dans les prochaines semaines, certains articles visant à démystifier le féminisme. Nous vous invitons donc toutes et tous à participer à de telles activités et à lire de tels articles. Pour vous informer sur nos activités et pour lire nos publications: https://www.facebook.com/pages/Collectif-féminisme-et-droit-UQAM-la-Collective/1510276815887270?fref=ts et https://collectiffeminismedroituqam.wordpress.com/author/collectiffeminismedroituqam.